Liban
Éclairage
Élections municipales : plus de profits que de pertes...
| mercredi, juin 2, 2010
C'est vrai que l'actualité qui semble s'être accélérée avec le coup de force israélien contre « la flottille de la liberté » a dépassé le rendez-vous électoral, mais il reste important de dresser un rapide bilan des élections municipales qui se sont terminées dimanche par des résultats qui méritent d'être relevés. S'il est clair qu'il ne faut pas accorder aux élections municipales une dimension politique excessive, elles n'en demeurent pas moins une façon de tâter le pouls de la population, notamment dans les régions éloignées. La première conclusion qui s'impose à l'esprit est que la tendance de la rue sunnite à être moins tributaire du Courant du futur, apparue dans la Békaa-Ouest, s'est confirmée au Nord. S'il y a donc un bilan peu satisfaisant, c'est bien celui du Courant du futur. D'abord, à Beyrouth, les électeurs sunnites n'ont pas vraiment répondu à l'appel de ce Courant et près de 20 % des suffrages ont été à la liste rivale, incomplète et relativement faible, sans oublier les Ahbaches qui ont fait cavalier seul pour bien montrer leur poids électoral et attirer de nouvelles alliances en vue du rendez-vous de 2013. Ensuite, dans la Békaa-Ouest, ce Courant a perdu des localités importantes, connues au cours des dernières années pour leur allégeance sans faille, comme Majdel Anjar, Jeb Jannine et Karaoun, au profit de personnalités comme Abdel Rahim Mrad, connu pour ses positions prosyriennes. À Saïda, la liste du Courant du futur a certes emporté la victoire, mais Oussama Saad, qui a mené la bataille seul, après la défection de son allié traditionnel Abdel Rahmane Bizri qui a préféré se tenir à l'écart, a tout de même obtenu un paquet honorable de voix (9 000 contre 19 000 à la liste de Mohammad Saoudi). Enfin, et surtout, la surprise est venue du Nord. D'abord, la liste de coalition à Tripoli qui a péniblement vu le jour n'a pas réussi à susciter l'enthousiasme des électeurs, puisque le taux de participation est resté faible et à Mina, la liste adverse a réussi à faire élire deux de ses candidats, face à la puissante liste de coalition. À Tripoli aussi, le candidat indépendant Arab Accaoui, fils de Khalil Accaoui (une figure importante de la ville dans les années 80), et parachuté au sein de la liste de coalition à la dernière minute, a obtenu le plus grand nombre de voix. Le Courant du futur a encore perdu des localités importantes et symboliques, comme Sir Denniyé, chef- lieu du caza de Denniyé et fief du député Ahmad Fatfat, et Halba, chef lieu du caza du Akkar, qui est passée sous le contrôle du PSNS lequel avait perdu dans cette localité 12 des siens, le 7 mai 2008. Le Courant du futur a aussi perdu deux importants villages de Denniyé : Bakheoun, fief du député Kassem Abdel Aziz et de l'ancien député hostile au Courant du futur, Jihad Samad, qui, lui, a raflé la mise, et Sfayra qui est passé sous le contrôle de la Jamaa islamiya. Le Courant du futur a donc perdu de son influence dans les cazas de Denniyé et du Akkar considérés au cours des dernières années comme le « réservoir sunnite de ce Courant ». Au Nord, comme dans la Békaa, les électeurs sunnites semblent sensibles aux sirènes de Damas. Même le village de Cheikh Mohammad au Akkar, fief du député Riad Rahhal, est passé à l'ex-opposition. Certes, le Courant du futur reste le principal représentant de la communauté sunnite, mais il doit désormais composer avec d'autres personnalités ou groupes.
De son côté, le CPL a confirmé son extension dans toutes les régions du Liban. On savait qu'il jouissait d'une certaine popularité dans les régions à dominante chiite, comme les villages chrétiens du Sud et de la Békaa, mais il a montré qu'il avait aussi des partisans dans certaines régions sunnites. Le coordinateur du CPL a été élu tête de liste à Sir Denniyé et ses partisans ont obtenu une grande partie des villages chrétiens du Akkar, exception faite de Kobeyate, avec ses alliés le Courant des Marada de Sleimane Frangié et le PSNS. De l'extrême nord à l'extrême sud, en passant par la Békaa, le Mont-Liban et Beyrouth, le CPL a montré qu'il fait partie du tissu social libanais et il constitue sans doute la seule formation à pouvoir afficher une telle extension, à des degrés divers toutefois. Lui qu'on disait presque fini, a confirmé sa popularité et sa représentativité, sans toutefois aller au-delà des proportions enregistrées au cours des législatives de 2009. Même s'il a raflé la ville de Batroun et la localité de Chekka, entre autres.
Sleimane Frangié a montré qu'il était le maître incontesté du caza de Zghorta, en raflant la plupart des municipalités avec un important écart de voix dans la ville même, laissant deux villages sunnites du caza au Courant du futur. Son adversaire déclaré Michel Moawad a, lui, obtenu quatre municipalités. De même, le Courant des Marada a montré son poids populaire dans le caza de Koura où, avec le PSNS et le CPL, il a obtenu 16 municipalités sur 18 dont le chef-lieu, Amioun. Pour le PSNS, ces élections ont en tout cas constitué une sorte de résurrection. Ce parti combattu et divisé a confirmé son poids au Metn, dans certains villages de la Békaa et au Nord.
Les Forces libanaises, elles, ont maintenu leur poids, en restant la seconde force chrétienne après le CPL. Elles ont conservé leur influence dans le caza de Bécharré, où elles ont raflé la totalité des municipalités excepté à Torza (passé au CPL) et elles ont obtenu certaines municipalités dans les villages du Sud comme Kleya et Aïn Ebel et à l'est de Saïda. Elles ont d'ailleurs mené la bataille municipale avec beaucoup de sagesse, restant en second plan dans la plupart des localités sauf à Bécharré, où elles ont voulu marquer leur emprise. Elles ont toutefois montré qu'en dehors de Bécharré, elles ne sont pas en mesure de remporter des victoires sans nouer des alliances et partager la composition des listes. Le parti Kataëb a été moins performant. S'il a maintenu son poids au Metn, il a perdu Zahlé et certains villages du caza de Batroun, alors qu'Élias Skaff est le grand vainqueur des élections dans sa ville.
Enfin, le tandem Hezbollah et Amal a confirmé sa représentativité au sein de la communauté chiite. Non seulement il a raflé la plupart des municipalités au Sud et dans la Békaa, mais de plus il a réussi à obtenir un taux élevé de participation, alors que dans la plupart des cas, le scrutin était joué d'avance. Le secrétaire général du Hezbollah a eu beau dire que les élections municipales ne constituent pas un référendum sur l'option de la résistance, les électeurs chiites lui ont réitéré leur appui.
Enfin, lePSP a conservé son influence dans les villages et localités druzes. Il y a bien eu quelques couacs dans certains villages, qui montrent un certain malaise au niveau d'une partie de la base, mais globalement, il reste le plus fort au sein de cette communauté.
En conclusion, les élections municipales ont confirmé l'importance de la représentation populaire de l'ex-opposition, mais les équilibres politiques n'ont pas été mis en cause. Les clivages sont simplement moins tranchés. Rendez-vous dans trois ans pour les prochaines législatives, dans l'espoir que la classe politique se penchera sérieusement sur l'élaboration d'une nouvelle loi électorale, plus conforme aux critères de la représentativité et de la transparence...
De son côté, le CPL a confirmé son extension dans toutes les régions du Liban. On savait qu'il jouissait d'une certaine popularité dans les régions à dominante chiite, comme les villages chrétiens du Sud et de la Békaa, mais il a montré qu'il avait aussi des partisans dans certaines régions sunnites. Le coordinateur du CPL a été élu tête de liste à Sir Denniyé et ses partisans ont obtenu une grande partie des villages chrétiens du Akkar, exception faite de Kobeyate, avec ses alliés le Courant des Marada de Sleimane Frangié et le PSNS. De l'extrême nord à l'extrême sud, en passant par la Békaa, le Mont-Liban et Beyrouth, le CPL a montré qu'il fait partie du tissu social libanais et il constitue sans doute la seule formation à pouvoir afficher une telle extension, à des degrés divers toutefois. Lui qu'on disait presque fini, a confirmé sa popularité et sa représentativité, sans toutefois aller au-delà des proportions enregistrées au cours des législatives de 2009. Même s'il a raflé la ville de Batroun et la localité de Chekka, entre autres.
Sleimane Frangié a montré qu'il était le maître incontesté du caza de Zghorta, en raflant la plupart des municipalités avec un important écart de voix dans la ville même, laissant deux villages sunnites du caza au Courant du futur. Son adversaire déclaré Michel Moawad a, lui, obtenu quatre municipalités. De même, le Courant des Marada a montré son poids populaire dans le caza de Koura où, avec le PSNS et le CPL, il a obtenu 16 municipalités sur 18 dont le chef-lieu, Amioun. Pour le PSNS, ces élections ont en tout cas constitué une sorte de résurrection. Ce parti combattu et divisé a confirmé son poids au Metn, dans certains villages de la Békaa et au Nord.
Les Forces libanaises, elles, ont maintenu leur poids, en restant la seconde force chrétienne après le CPL. Elles ont conservé leur influence dans le caza de Bécharré, où elles ont raflé la totalité des municipalités excepté à Torza (passé au CPL) et elles ont obtenu certaines municipalités dans les villages du Sud comme Kleya et Aïn Ebel et à l'est de Saïda. Elles ont d'ailleurs mené la bataille municipale avec beaucoup de sagesse, restant en second plan dans la plupart des localités sauf à Bécharré, où elles ont voulu marquer leur emprise. Elles ont toutefois montré qu'en dehors de Bécharré, elles ne sont pas en mesure de remporter des victoires sans nouer des alliances et partager la composition des listes. Le parti Kataëb a été moins performant. S'il a maintenu son poids au Metn, il a perdu Zahlé et certains villages du caza de Batroun, alors qu'Élias Skaff est le grand vainqueur des élections dans sa ville.
Enfin, le tandem Hezbollah et Amal a confirmé sa représentativité au sein de la communauté chiite. Non seulement il a raflé la plupart des municipalités au Sud et dans la Békaa, mais de plus il a réussi à obtenir un taux élevé de participation, alors que dans la plupart des cas, le scrutin était joué d'avance. Le secrétaire général du Hezbollah a eu beau dire que les élections municipales ne constituent pas un référendum sur l'option de la résistance, les électeurs chiites lui ont réitéré leur appui.
Enfin, le
En conclusion, les élections municipales ont confirmé l'importance de la représentation populaire de l'ex-opposition, mais les équilibres politiques n'ont pas été mis en cause. Les clivages sont simplement moins tranchés. Rendez-vous dans trois ans pour les prochaines législatives, dans l'espoir que la classe politique se penchera sérieusement sur l'élaboration d'une nouvelle loi électorale, plus conforme aux critères de la représentativité et de la transparence...
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